Mot franco-ontarien de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur 2025
Ottawa, le 23 avril 2025 — À l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) est fière de dévoiler le mot franco-ontarien 2025, une création originale signée par Hélène Koscielniak, écrivaine reconnue pour son engagement envers la langue française et la culture franco-ontarienne.
Chaque année, ce mot symbolique met en lumière l’imaginaire et la richesse linguistique de notre communauté. Cette initiative de l’AAOF s’inscrit dans une volonté de célébrer la créativité, la diversité des voix littéraires et l’importance des mots qui nous rassemblent.
Le saviez-vous ? En 1995, l’UNESCO proclamait le 23 avril Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, une date désormais célébrée dans plus de 100 pays pour encourager la lecture, valoriser le monde de l’édition et souligner l’importance du droit d’auteur.
Curieux de connaître le mot qui fera vibrer la francophonie ontarienne cette année ? Le voici, signé Hélène Koscielniak :
La meilleure invention
J’ai toujours été fascinée par l’écriture, ce regroupement de « petits dessins » qui permet la transition des pensées d’un cerveau humain à un autre. Elle est comme un fil électrique qui porte le courant de la communication entre personnes au moyen de cercles, demi-cercles, arches, lignes horizontales, verticales, croisées, etc. C’est, quant à moi, la meilleure invention de tous les temps et elle existe depuis des siècles. J’aime imaginer le premier être humain accroupi par terre, traçant une forme sur le sol avec son doigt dans le but de partager une idée. Ce fut le début.
Depuis, ce phénomène a évolué de façon incroyable. Les « dessins » ont été standardisés pour devenir les 26 lettres de notre alphabet. Il est intéressant de constater que toutes les sociétés ont conçu ce genre de caractères graphiques propres à leur culture. Pensons au chinois, à l’hébreu, au grec ou à l’arabe par exemple. Ces signes ont ensuite cessé d’être esquissés sur le sol pour paraître sur l’écorce, des peaux d’animaux, du papyrus, etc. Puis sont venus le papier et le livre.
J’aime la sensation d’un livre entre mes mains, sa forme, son odeur, ses couleurs. Avec le seul geste de décoder du regard les lettres à la vitesse de l’éclair, il permet d’entrer dans un milieu imaginé par un auteur ou une autrice. Il offre une multitude d’avantages : apprendre, se délasser, s’esquiver, relaxer, partager des idées, des sentiments et quoi d’autre encore. Le livre a connu une foule de faits marquants depuis sa conception ; il a changé le monde en portant des opinions, des visions, des prédictions, des façons de faire ; il a créé de la controverse, des querelles, au point où il a été mis à l’index, jeté et brûlé. Aujourd’hui encore, on lui en veut dans certaines factions de la société…
Nécessairement, l’écriture doit être transmise d’une génération à l’autre afin d’assurer la communication écrite. À titre d’enseignante, je revois mes petits élèves apprenant à décrypter ces « dessins » qui sont maintenant appelés des lettres : m-m-m, maman. Cinq symboles qui représentent une femme qui a donné la vie. C’est vraiment toute une image ! Je me demande quels signes servent à désigner cette femme en écriture égyptienne. La graphie est un mécanisme tellement intelligent que souvent, en ajoutant un symbole de plus à un mot, l’image projetée change de sexe comme, par exemple, en ajoutant la lettre « e » au mot « avocat » on obtient une avocate !
Mais l’écriture ne s’arrête pas là. L’alphabet a été transféré sur le clavier d’un dactylo. Puis, la technologie, c’est à dire les ordinateurs, les tablettes électroniques et les cellulaires s’en sont emparés : Résultat ? Maintenant, les nouvelles générations préfèrent se servir de ces moyens pour lire et écrire. Qu’arrivera-t-il à toutes ces bibliothèques, ces lieux sacrés, remplis de milliers de documents et de splendides bouquins ? Et… attention… phénomène intéressant… voilà que les « petits dessins » ont refait surface. En plus sophistiqué nécessairement. Les émojis.
Finalement, comme dernière étape (Est-ce vraiment la dernière étape ?), l’IA, l’intelligence artificielle, entre dans le jeu. De quelles façons ce processus d’imitation de l’intelligence humaine se servira-t-il de l’écriture ? Bill Gates nous assure que dans dix ans, cette IA remplacera les professions de la médecine et de l’enseignement. La question que je me pose : qu’adviendra-t-il des écrivains et écrivaines ?
Que cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur soit l’occasion de célébrer la beauté des mots et la richesse de la création ! 🌟📚
Hélène Koscielniak est résidente de Kapuskasing en Ontario Nord, elle détient une maîtrise en administration de l’Université d’Ottawa. Elle a œuvré en éducation à plusieurs titres: enseignante, conseillère pédagogique, directrice d’école et agente de supervision. Elle a siégé au CA de plusieurs organismes, entre autres, Science Nord (Sudbury), le Conseil consultatif de langue française de TFO, les Services familiaux de Cochrane Nord et la Bibliothèque publique de Kapuskasing. Elle s\’est aussi impliquée dans la Direction générale de la condition féminine de l’Ontario ainsi que dans l’Association des enseignantes et enseignants de l’Ontario. En 1989, elle a reçu le prix d’Accomplissement communautaire de la municipalité de Kapuskasing et celui de la Reconnaissance pour la prévention du crime du Solliciteur général de l’Ontario. En 2013, elle a été reconnue comme « Leader culturel » par la Fédération culturelle canadienne-française, l\’Association de la presse francophone et l\’Alliance des radios communautaires du Canada. Aujourd’hui, elle poursuit son rêve, celui d’écrire.