Métier de libraires selon Monica Meza Giron et Chloé Leduc-Bélanger de la libraire Panache

© Gracieuseté de la librairie Panache

Entrevue avec Monica Meza Giron et Chloé Leduc-Bélanger de la Librairie Panache de Sudbury !

Qu’est-ce qui vous passionne dans le métier de libraire ?

La rencontre avec les lecteur.ice.s, avec qui on partage nos coups de cœur et qui nous enseignent les leurs. Nos publics, même les plus exigeants, partagent avec nous leurs propres rencontres, des histoires humaines riches qui éclairent diverses sphères de leur parcours de vie. Le livre est un témoin passif de l’évolution des sociétés. Grâce aux livres, nous sommes toujours en train de découvrir et d’apprendre, et notre métier nous permet de transmettre ces univers aux lecteur.ice.s, de passer le flambeau. Répondre aux questions des lecteur.ice.s, apparier le bon livre avec la bonne personne est très satisfaisant.

Comment choisissez-vous les livres à proposer dans votre librairie ?

Nous absorbons le quotidien et écoutons les aspirations ou réflexions des gens, et essayons de trouver la solution par le livre. Le livre a un pouvoir de transformation ou d’accompagnement. Donc, nous le conseillons comme une épice du moment, selon la recette qu’on souhaite faire.
Plus concrètement, nous proposons une sélection assez typique d’une librairie généraliste : littérature jeunesse pour tous les âges, guides pratiques, livres de recettes, bandes dessinées, littérature et non-fiction pour les adultes. Nous faisons des mises en place thématiques en fonction des saisons, suivons l’actualité, les prix littéraires, les auteurices en vogue, et sélectionnons des livres dont les sujets touchent les citoyen⸱nes du Nord de l’Ontario, notamment les enjeux propres aux minorités linguistiques, l’environnement, les biographies de personnes qui ont un lien avec notre milieu.

Quels sont les défis principaux auxquels les librairies indépendantes sont confrontées aujourd’hui ?

La place du livre dans le quotidien. Il n’est pas rare d’entendre qu’on n’a pas le temps. Pourtant, nous sommes maîtres de notre temps. Nous trouvons du temps pour Netflix ou pour faire des stories. Il faut renouer ce moment avec le livre, et pourquoi ne pas lire collectivement dans les espaces publics ? Après huit ans sans accès à une librairie francophone à Sudbury, nos publics ont perdu l’habitude de lire en français, de payer pour des livres, de les acheter en personne, de demander des conseils et de se laisser surprendre, quitte à sortir de leur zone de confort. C’est une habitude, voire un style de vie, à rebâtir. Enfin, contrairement au Québec, l’Ontario n’a pas de loi qui régit le milieu du livre. Les ententes avec les fournisseurs et avec les collectivités sont donc à négocier à la pièce, ce qui est délicat et chronophage.

Quel rôle jouent selon vous les librairies indépendantes dans la promotion de la littérature locale ?

La librairie est un espace pour aller à la rencontre d’une ville ou un village, qui permet de comprendre les préoccupations, les rêves ou les histoires des communautés. Elle est point de chute non seulement pour les livres comme tels, mais aussi pour ses acteur.ice.s. Lancements, causeries, micros ouverts, heures du conte sont autant de façons de soutenir les auteur.ice.s de la région et de rassembler autour d’elleux une communauté enthousiaste.
Les personnes qui sont de passage cherchent souvent à rapporter dans leurs bagages un souvenir, nous demandent de leur conseiller des œuvres d’ici; les livres d’auteurices nord-ontariennes permettent ainsi de pérenniser une expérience, une découverte de la région, et s’implantent dans des bibliothèques de nos client⸱es partout au pays et même au-delà.

Merci Monica et Chloé d’avoir si gentiment répondu à nos questions, et merci également de réserver une place de choix à la littérature d’ici dans votre librairie !