Finalistes du Prix littéraire émergence AAOF 2023
Ottawa, le 11 septembre 2023 — L’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) est ravie de vous présenter les finalistes de l’édition 2023 du Prix littéraire émergence AAOF.
Avec ce Prix, l’AAOF met en lumière la créativité littéraire émergente au sein de la communauté francophone de l’Ontario actuelle. Parmi plus d’une dizaine de candidatures reçues, trois finalistes ont été choisi.e.s par notre jury pour leurs qualités littéraires et leur capacité à inspirer à travers leurs écrits.
D’abord l’arrogance, puis vint la guerre de Cindy Côté publié aux Éditions David
Dès 1933, sous le régime d’Hitler, les personnes aveugles, sourdes, handicapées ou atteintes de troubles mentaux, ciblées comme étant « impures », ont subi les affres des lois visant à les stériliser. Sourde de naissance, Hildegard, une jeune Allemande de dix-huit ans, verra sa vie et celle de ses proches perturbées par la brutalité nazie. Malgré les pressions sociales et les aléas de la guerre, elle souhaite épouser son amoureux, Aymeric, et refuse la stérilisation à laquelle la condamne la loi. Dès lors, elle devra lutter pour sa survie et même envisager de quitter son pays pour éviter le sort que subissent les victimes du régime. Un roman bouleversant et poignant sur un épisode sombre et tumultueux de la persécution nazie.
Ce qu’en a pensé le jury : L’œuvre raconte une histoire triste comme la vie elle-même. Son décor est l’Allemagne nazie qui, entre autres horreurs, stérilisa les personnes frappées de diverses infirmités pour « purifier » la race. L’intérêt de ce roman historique réside notamment dans l’impressionnant travail de recherche que l’autrice a mené pour que l’aventure de l’héroïne, Hildegarde, sourde de naissance, mais décidée à lutter pour son droit à donner la vie, soit si crédible qu’on a l’impression d’être témoin et contemporain de son drame.
Originaire du Lac-Saint-Jean, Cindy Côté a fait des études en littérature française et en histoire à l’Université du Québec à Chicoutimi. Pour ouvrir ses horizons, elle a quitté sa région natale en 2003 et s’établit à Gatineau où elle a complété un baccalauréat en éducation à l’Université d’Ottawa. Après avoir enseigné le français, langue seconde, elle fait carrière comme conceptrice de formation dans différents domaines de la fonction publique fédérale, dont la sécurité et la gestion des urgences. Elle a d’ailleurs reçu un Prix de reconnaissance pour son travail en 2019. Passionnée par l’écriture et l’histoire depuis son enfance, elle s’est consacrée au cours des dernières années à l’élaboration de son premier roman D’abord l’arrogance, puis vint la guerre, où ses deux grandes passions se rencontrent.
Adieu, Staline ! de Lamara Papitashvili publié aux Éditions David
Deux jeunes hommes à l’aube de la vingtaine, Ilia et Témour, ne voient pas d’avenir pour eux dans leur petite ville de Géorgie, Koutaïssi. Ils décident d’en partir. Celui qui conçoit le projet, Ilia, est un tombeur de filles et une tête brûlée. L’autre, Témour, est un lycéen introverti qui a une passion pour le piano. Un échec amoureux, conjugué à la vie minable qu’il mène avec son père, le convainc de suivre Ilia en Amérique. Leur périple sera parsemé d’embûches. Plusieurs fois repris et battus, ils échappent de peu à la possibilité d’être renvoyés en Géorgie et remis à la Guépéou, la police secrète de Staline. Ils réussissent toutefois à atteindre la Turquie, puis le Liban où, après plusieurs déboires, le destin va finalement leur sourire. Inspirée par l’histoire de son grand-père et sa fuite de l’URSS en 1932, Lamara Papitashvili aborde ici avec finesse des questions toujours aussi brûlantes d’actualité : l’identité, l’immigration, les réfugiés politiques d’États totalitaires et, plus largement, la quête du bonheur et de la liberté.
Ce qu’en a pensé le jury : Plus qu’un témoignage pour les suivants, Adieu, Staline ! est un roman qui mêle avec habileté Histoire (avec un grand h) et histoire romanesque. Et que l’on ne s’y méprenne pas ! Si le sujet appartient à un autre siècle, les thèmes qui y sont traités restent malheureusement criants d’actualité, voire intemporels, à l’instar de la dictature, de la pensée unique, de l’immigration ou de l’identité pour ne citer que ceux-là. En somme, Adieu Staline ! est une vraie piqûre de rappel adressée aux fous au pouvoir, car si ces derniers peuvent ôter jusqu’à la dignité de leur peuple, ils ne pourront jamais le dépouiller de sa liberté de rêver.
Lamara Papitashvili est née en 1986 à Damas. Sa famille est issue de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Russie. Elle est agrégée de Science Politique et d’un Master en Arts et a travaillé pour des sociétés à but non lucratif. Polyglotte, Lamara Papitashvili a vécu en Géorgie, en Belgique, en Espagne, en Allemagne. Tout en poursuivant l’écriture de romans, Lamara Papitashvili anime des ateliers d’écriture dans des écoles et participe comme jurée dans un concours d’écriture. De la part du Conseil des arts du Canada, elle a obtenu, en 2020 et 2021, des financements pour ses romans. Elle s’intéresse avant tout à l’enfance, à la transmission familiale, à la question de la femme dans nos sociétés, au voyage comme source d’évolution personnelle et au trou noir de l’origine. Adieu Staline ! est son premier roman aux Éditions David.
Rêve-Creux d’Alexis Rodrigue-Lafleur publié aux Éditions l’Interligne
Après L’odeur du gruau, un premier roman remarqué par la critique, Alexis Rodrigue-Lafleur étonne avec Rêve-creux, roman au style proche du documentaire, pourtant à cheval entre rêve et réalité. Quand des crises de somnambulisme surviennent nuit après nuit chez Marguerite, 15 ans, et son jeune frère Noah, le quotidien de la famille s’en trouve bouleversé, poussant leur père à enquêter. Celui-ci erre à tâtons parmi des théories surnaturelles, voit des coïncidences partout et trouve dans un roman fantastique du siècle dernier de troublantes solutions à la « possession ». Lui faudra-t-il admettre que la fiction fait partie intégrante de la réalité ?
Ce qu’en a pensé le jury : De ce roman à la forme singulière, on retient des dialogues vivants, des personnages authentiques, un humour grinçant. Une petite famille surmonte une épreuve des plus étonnantes, et nous entraîne avec elle dans des situations aussi inquiétantes que comiques, donnant lieu à des questionnements existentiels qui reflètent merveilleusement l’esprit de notre époque.
Influencé par son travail dans le milieu muséal, Alexis Rodrigue-Lafleur établit des parallèles entre la littérature et les arts visuels. Considérant l’écriture comme une forme de travail manuel, il a choisi les mots pour matière première.
« L’AAOF se réjouit de pouvoir mettre en avant ces autrices et auteurs émergent.e.s, dont la créativité vient incontestablement enrichir notre scène littéraire et dont les écrits ouvrent de nouvelles perspectives pour l’expression littéraire en Ontario français », a affirmé la présidente de l’AAOF, Marie-Josée Martin.
Le dévoilement du ou de la lauréat.e se fera au cours de la cérémonie de remise des Prix du livre de la ville d’Ottawa, le 11 octobre 2023 à 19 h au Studio Les-Lye aux Théâtre Meridian, 101 promenade Centrepointe à Ottawa.
Le ou la lauréat(e) se verra attribuer une bourse de 3 000 $, dont 1 000 $ devra servir à la promotion de l’ouvrage. Le Prix littéraire émergence AAOF est financé par l’entremise du Fonds Françoise-et-Yvan-Lepage (AAOF) de la Fondation franco-ontarienne. Il est remis tous les deux ans en alternance avec le Prix de littérature jeunesse AAOF.
À propos du Prix littéraire émergence AAOF : À travers des initiatives telles que son Prix littéraire émergence, l’AAOF favorise l’émergence de nouveaux talents littéraires francophones en Ontario, et joue ainsi un rôle essentiel dans le développement de la scène littéraire en français au sein de la province.